Délit de soumission pour le « Pays des Droits de l’Homme »

Edward Snowden, nouveau bouc émissaire de l’impérialisme capitaliste

  La comptine est connue, souvent jouée, toujours suivie, gardant le même rythme basique, à la saveur amère et qui irrite plus qu’il n’enchante : la sombre partie de « Washington a dit… » qui semble dicter les règles de la moitié du monde se déroule toujours au-dessus de nos têtes, nous faisant renier nos valeurs, nos combats, nos aspirations. Peu importe le chef d’orchestre, la chanson reste la même, les USA disent, ses vassaux font (comment peut-on parler d’alliés lorsqu’on est soumis idéologiquement à un Etat qui se voit comme « leader du monde libre contre l’Empire du mal » ?), avec l’application d’une bleusaille soumise aux ordres d’un sergent-chef. Ici aussi, peu importe le visage de l’Etat, la soumission reste la même, l’empressement à cirer les bottes qui piaffent d’impatience de claquer partout où ses intérêts (économiques) les porteront.

  La France, selon la tradition, selon la mémoire collective, est le pays des Droits de l’Homme et du Citoyen. La France, porte-étendard du respect de tous, du droit des gens sans distinction aucune, de la fraternité entre tous ? A une époque, certainement, mais nous ne sommes plus à cette époque, cela est certain. Respect de l’individu et de ses droits, fraternité, ces mots ne sont rien pour les néolibéraux qui s’accaparent le pouvoir depuis plus de 40 ou 50 ans, sous les diverses bannières qu’ils se donnent, PS, RPR ou UMP. La fraternité n’est pas cotée en Bourse, et le respect des droits de tous, sans distinction, ne permet pas d’engranger du profit monétaire.

  La France de Hollande montre aujourd’hui encore sa vassalité au pays de l’impérialisme capitaliste, qui appelle « démocratie » la recherche du contrôle de ressources pétrolières, par l’attitude que nous n’hésiterons pas à qualifier de « honteuse », de refuser l’asile politique à l’ancien agent de la NSA Edward Snowden. Le Pays des Droits de l’Homme et du Citoyen n’est vraiment plus qu’un titre d’apparat, une fumisterie qui cherche à nous donner un certain prestige. Mais où est le prestige sans la mise en application ?

  Rappel des faits : Edward Snowden est devenu, dans la lignée des Julian Assange (fondateur de Wikileaks, qui publie des documents secrets mettant en cause divers pays du monde, notamment les USA) ou Bradley Manning (militaire accusé de trahison envers la nation pour avoir informé Wikileaks des réalités des guerres menées au nom de la « démocratie » par les USA , un ennemi public, accusé de trahison et d’espionnage pour avoir révélé les arcanes du programme PRISM, qui sous couvert de lutte contre le terrorisme permet à la NSA de collecter des informations sur les usagers des grands services de l’Internet et de l’informatique, Google, Facebook, Microsoft, Yahoo ! Apple, pour ne citer que les plus gros. PRISM est une surveillance automatisée des grands services Internet, mails, réseaux sociaux, photos et vidéos, historiques de navigation, conversations vocales des usagers de ces services. Ainsi que l’espionnage des institutions européennes, montrant à quel point les Européens sont, pour les Américains, des vassaux et non des alliés de confiance.

  Contraint depuis de quitter son pays (il logeait à Hawaï avec sa petite amie, gagnait 200 000€ par an et était un citoyen modèle, selon la norme américain), le hacker, qui a choisi de renoncer à ses avantages, à son train de vie, à sa situation, ce qui montre qu’il n’est pas un pauvre hère en recherche de renommée, il vivait bien mieux que la plupart des Américains. Pourquoi alors choisir de révéler la vérité ? Selon lui, « J’ai accepté de sacrifier tout cela car je ne pouvais laisser, en mon âme et conscience, le gouvernement américain détruire la vie privée et les libertés fondamentales des gens tout autour du monde, au moyen de ce gigantesque système de surveillance qui est en train d’être secrètement mis au point. » Des propos tenus à Hong Kong, son premier point d’atterrissage.

  Depuis, la majorité des pays sollicités par Edward Snowden pour un asile politique lui ont tourné le dos, fidèles aux ordres venant de l’Oncle Sam. Comme le résume si bien Manuel Valls, notre ministre de l’Intérieur : « M. Snowden est un agent des services américains, et c’est un pays ami avec lequel nous avons des relations ». Les relations avant les idéaux dont on aime tant se parer pour se donner l’air important, la preuve est encore une fois visible ici. A cet homme qui veut ouvrir les yeux du monde sur l’impérialisme tentaculaire des Etats-Unis, la France refuse encore de se dresser comme gardienne des Droits de l’Homme qu’elle aime tant rappeler sur le papier, mais qui dans les faits restent des illusions d’un autre temps.

Nous y voyons aussi le vrai visage du « sympathique et décontracté » Obama, qui est aussi prompt que son prédécesseur texan à pourchasser ceux qui dérangent les lobbys et à refuser les droits les plus élémentaires à tous, sous le prétexte que les USA font ce qu’ils lui plaisent. Un prix Nobel de la Paix qui a déclenché des conflits et qui traque des citoyens qui montrent leur désaccord avec le système, cela est bien contradictoire. Ajoutons qu’Obama poursuit l’héritage de George Bush avec les maintiens de PRISM et de Guantanamo.

  Et pour ajouter le ridicule à l’indignation de refuser l’asile politique à un homme traqué pour sa défense des droits élémentaires, il est bon de mentionner l’incident diplomatique Evo Morales. Le président socialiste (au sens réel du terme, pas au sens tel qu’on l’a en France, un vrai homme de gauche) de Bolivie s’est vu contraint de s’écarter de l’espace aérien français, entre autres, et de ne pas survoler notre territoire. Pourquoi ? Car une rumeur annonçait la présence d’Edward Snowden dans l’avion du Président Bolivie. Mais qu’est-ce qui a provoqué une telle peur à nos chefs d’Etat ? La réprimande de Washington ? Il est fort à parier que c’est exact. Un comportement aussi indigne envers un chef d’Etat, déjà considéré comme nuisible par la toute-puissance impérialiste à cause de ses idées socialistes, et qui voit ses droits de représentant du peuple bolivien balayés par le diktat de l’impérialisme, est absolument intolérable, et honteux pour la France. Le président Morales est resté digne dans cette épreuve, qui montre encore la paranoïa profonde des USA, leur volonté de s’en prendre à tout ce qui ne va pas dans leur sens, directement ou par leurs vassaux et leur peur.

  Oui, l’Amérique d’Obama, l’Amérique de l’impérialisme capitaliste, porteur d’austérité et de menaces, a peur, peur de Snowden, de ses savoirs, de ses révélations. Ils ont peur de voir les peuples se révolter pour se libérer de leurs chaînes invisibles, ils ont peur de voir leurs vassaux surpassés par la vindicte des peuples révoltés, ils ont peur de voir leur hégémonie, qu’ils tentent de renforcer grâce au fielleux « Accord Transatlantique » qui plongera la France et l’Europe plus profondément encore dans la vassalité et la soumission à l’Oncle Sam, ébranlée par l’éveil des peuples.

  Nous, la MJCF Cambrai, parmi toutes les associations militantes qui soutiennent cette cause appelons la France, de son peuple à sa représentation élue, à redevenir le Pays des Droits de l’Homme et du Citoyen. Nous appelons à l’asile politique pour Edward Snowden, pour montrer que nous restons concernés dans la défense des libertés et du respect envers chaque être humain. Que ce surnom n’en est pas qu’un, et que la France reste fidèle à ses valeurs républicaines, humanistes et solidaires. Et que si le sommet de l’Etat reste soumis aux ordres de Washington, que le peuple, dans son ensemble, se montre solidaire d’Edward Snowden, qui risque sa vie, et qui a renoncé à ses facilités sans rien demander en retour. Simplement par besoin de vérité. De respect envers tous.

LA MJCF Cambrai montre sa solidarité à Edward Snowden, et souhaite son asile politique, au nom de la liberté et du respect de l’individu, car l’espionnage industriel des particuliers est une chose inacceptable.

La MJCF Cambrai

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